Atelier N° 3 – Colloque 2014

Hier et ailleurs

Animation : Jean-Claude Salomon

Co-animation : Omar Brixi

Introduction

Les médias commencent à faire une place à la surmédicalisation, aux surdiagnostics, et aux surtraitements. Ceci est vrai dans les pays développés, mais inégalement. Les pays pauvres ne sont pas épargnés. Partout ces phénomènes sont associés à la sous-médicalisation, dont les inégalités de santé sont l’expression la plus choquante. Est-il possible d’aborder scientifiquement ces problèmes avec le souci dominant de servir le bien commun, de préserver la santé individuelle et publique, de dépasser la dénonciation documentée.

Knock a été écrit par Jules Romain en 1923. Y sont décrits les surtraitements et le comportement manipulateur et mercantile d’un médecin. Depuis, le marketing intensif des produits de santé, le déplacement continu des frontières entre normal et pathologique et le mythe de la santé parfaite ont envahi par la culture mondialisée toutes les couches sociales des pays riches,émergents ou pauvres. Pourra-t-on structurer à l’échelle mondiale l’effort vers l’équilibre au bénéfice absolu des patients et de la société ? Nos réponses ici et maintenant doivent s’appuyer sur ce qui s’est passé hier et ailleurs.

Intervention de  Jean Claude Salomon 
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Intervention de Luc Périno
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Le vécu des maladies virtuelles
Les maladies réelles sont celles qui sont initiées par l’instant clinique (définition provisoire). Elles concernent de 5 à 20% de toute espèce animale
Les maladies virtuelles sont celles qui sont définies par la biomédecine, indépendamment de tout instant clinique. Les patients virtuels n’ont ni douleur, ni impotence fonctionnelle, ni limitation des projets de vie. Elles concernent de plus en plus de patients, probablement de 50 à 70 % des citoyens des pays de l’OCDE. On peut aussi les appeler les maladies de l’offre. La médecine est un commerce qui a logiquement suivi la transition de l’économie de la demande à celle de l’offre (années 1950)
Les maladies potentielles sont celles dont nous allons forcément mourir. Elles concernent évidemment 100% des sujets de toute espèce vivante.
La question que doit alors se poser le soignant est bien celle du « vécu » morbide de ces maladies virtuelles et potentielles.

La morbidité vécue secondairement est-elle inférieure, égale ou supérieure ?
Nous constatons que cette morbidité vécue est souvent égale ou supérieure à celle des maladies réelles. Le médecin est donc créateur de morbidité, ce qui n’est pas sa vocation première. Cette distorsion est assez bien vécue par les médecins, car elle s’accompagne d’un succès commercial.
La médecine actuelle est véritablement un succès commercial et un échec téléologique, dans la mesure où elle génère de la morbidité.
Ceci mérite un débat qui a rarement lieu dans les facultés de médecine en raison de la misère épistémologique de l’enseignement actuel et de l’emprise du marché sur les programmes de recherche clinique.

La surmédicalisation est-elle un facteur de sous médicalisation ?

Intervention de Jean François Mazoyer
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PRINCEPS-INITIATIVE TRANSPARENCE SANTE

Un possible partenariat gagnant-gagnant ?

« Le collectif citoyen Initiative Transparence Santé (ITS) : des acteurs du système de santé (représentants d’usagers, chercheurs, journalistes, assureurs, entrepreneurs, consultants), créé le 24 janvier 2013, né du constat que les données concernant l’offre sanitaire en France étaient inaccessibles à la société civile. Cela expliquant en partie selon l’ITS les dérives que sont l’explosion des dépassements d’honoraires ou la surconsommation de médicaments.

La Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), saisie par l’ITS au sujet de l’affaire du Mediator, a contraint depuis la CNAM à ouvrir l’accès à la base de données du Système national d’informations interrégions d’assurance maladie (SNIIRAM).

 Les derniers scandales sanitaires ont démontré qu’il importait qu’un large panel d’acteurs ait accès aux données de santé publiques dans l’intérêt des citoyens. Cela aurait permis, soit de connaître beaucoup plus tôt le mésusage de certains médicaments, soit de prévenir plus rapidement le risque encouru.
Du côté de l’innovation, alors que les citoyens se plaignent d’un système de santé illisible, il y a d’énormes besoins à satisfaire. .. Le contribuable, qui a financé la mise en place des bases de données en matière de santé, doit pouvoir en tirer un juste retour. On ne collecte pas des informations pour ne rien en faire ou si peu. Les intérêts pour chacun de disposer de ces renseignements sont multiples : mesure de l’efficience du système 
de soins, alerte sanitaire, lisibilité de l’offre de soins, lutte contre les inégalités de santé, etc.
Pour veiller à une protection durable des droits des citoyens, il est fondamental d’avoir un accès ouvert à ces données.  »
Données publiques de santé, sortons du village gaulois, christian saout président de l’initiative transparence santé et etienne caniard président de la mutualité française, tribune de Libérattion du 28 avril 2014
Il pourrait s’agir là à l’avenir du moyen de renouveler radicalement la politique (ou l’absence de politique) de santé publique française, en la soumettant à l’examen critique de l’ensemble de ses acteurs.

Les professionnels de santé ne peuvent pas ne pas examiner l’intérêt de s’associer activement à une démarche à laquelle ils sont encore étrangers, alors que se profile une réforme du système de soins qui imposera une révision des critères d’allocation de ressources. Les rapports coûts-bénéfices réels pour les patients, les citoyens et la société y seront déterminants.

Le site d’ITS     http://www.opendatasante.com

  « Une base de données d’une richesse et d’une qualité exceptionnelles
La France, pays centralisé de 65 millions d’habitants dispose aujourd’hui avec l’ensemble SNIIRAM-PMSI d’une des plus grandes, voire de la plus grande base médico- administrative au monde : elle regroupe par an 1,2 milliard de « feuilles de soins », 500 millions d’actes médicaux et 11 millions de séjours hospitaliers 23 (en médecine, chirurgie et obstétrique), avec potentiellement une profondeur historique de 14 ans (20 ans pour l’EGB et le PMSI). « 

Rapport sur la gouvernance et l’utilisation des-donnees-de-sante-2013 DREES

 

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