Conclusion – Colloque 2012

Conclusion

 Par Jean-Claude SALOMON

Ce colloque nous a permis de rassembler des preuves que la surmédicalisation n’était ni un mythe, ni un phénomène marginal et que les surdiagnostics et les surtraitements sont des pratiques courantes, qui non seulement gaspillent les moyens humains et matériels consacrés à la santé, les détournant de leur fins normales, mais encore portent préjudice, parfois gravement, aux patients et aux sujets bien portants.

 

Les contours de la surmédicalisation sont aujourd’hui imprécis. La sous-médicalisation n’épargne nullement les pays riches. Elle n’est en rien compensée par la surmédicalisation, même si des déterminants communs paraissent coexister pour ces deux phénomènes en apparence opposés.

 

Les interventions faites dans les six ateliers du colloque, témoignent de la diversité des situations et des observations de la surmédicalisation, des surdiagnostics et des surtraitements. On peut admettre, vu la modestie de cette réunion, qu’il existe une diversité bien plus grande dans l’ensemble du champ sanitaire, dont une partie relativement restreinte a été explorée et décrite par les participants. La médecine générale, comme la médecine spécialisée, les soins, aussi bien que la prévention, la pratique libérale, tout autant que la pratique hospitalière, le secteur publique et le secteur privé sont les espaces envahis par les multiples formes de ces pratiques fautives.

 

Toutes les tentatives pour réduire ces manières néfastes de penser et d’agir devront s’appuyer sur un socle de connaissance, de preuves, d’études rigoureuses ; sans quoi les obstacles seront insurmontables.

 

La problématique des médicaments essentiels pourrait être une des voies d’approche les plus intéressantes de ces dysfonctionnements. Sur le terrain, l’action pour réduire les excès les plus dangereux des surtraitements médicamenteux et les préjudices qu’ils provoquent sur la santé des patients ont été envisagés lors de deux ateliers consacrés à l’établissement de listes de médicaments essentiels dans deux contextes: la médecine générale libérale et la médecine interne hospitalière. Nous sommes sans doute au tout début d’un processus long et difficile qui fera appel à la ténacité et à l’exigence scientifique pour réussir à progresser.

 

La perception de la surmédicalisation risque d’être déformée à cause de son assimilation à une intention de meilleure gestion comptable de la santé. Le colloque a contribué à une redéfinition sanitaire du phénomène. La mise en évidence des causes, des formes et des conséquences de la surmédicalisation distingue des catégories différentes. Toutes sont importantes.

 

Lors du colloque la surmédicalisation, les surdiagnostics et les surtraitements, ont été principalement considérés du point de vue de la santé des personnes et de la santé publique, sans référence aux coûts économique et social que ces phénomènes entraînent. C’est un chapitre important des études qui devront être conduites. Cependant les conséquences sanitaires sont suffisantes, par elles-mêmes, pour conférer un caractère prioritaire aux études approfondies qui s’imposent désormais dans la politique de santé.

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