Charte « Princeps »

Charte du Réseau Princeps, Version 28 02 2013

Les membres, qui souscrivent aux termes de cette charte, expriment leur volonté de mettre en commun, échanger, débattre et partager des valeurs, des idées, des propositions et des actions dans le champ de la santé publique.

Cette volonté de converger, en France et ailleurs, est nourrie par l’expérience professionnelle des uns et des autres, l’expérience sociale à laquelle ils sont sensibles et parties prenantes, ainsi qu’à partir de travaux scientifiques, ceux des professionnels investis au fil du temps, comme les leurs.

Cette initiative, une de plus, une parmi d’autres, s’est construite autour de l’objectif de promouvoir les médicaments les plus utiles et de contribuer à faire reculer les produits inutiles, dangereux et coûteux. Cette distinction s’est imposée à certains à partir de leurs pratiques, des témoignages de personnes concernées ou vigilantes et à des publications et revues indépendantes, à contre courant des idées et normes dominantes.

La multiplication des scandales dont le plus emblématique et le plus récent est celui du médiator, a révélé à un plus grand nombre les logiques mercantiles qui ont envahi toutes les sphères, y compris la sphère des soins et de la santé. Le scandale du médiator, qui n’est ni fini ni le seul, a en particulier, révélé la dimension de dépendance et de corruptions d’une grande partie de l’expertise scientifique et de collusion de nombreuses instances publiques, vis-à-vis d’intérêts privés, étroits et cupides.

L’opinion puis les institutions, y compris malgré elles, ont été interpellés et alertés.

La confiance n’est plus de mise.

La crise apparait comme de plus en plus structurelle et durable. Car les dommages portés à la santé humaine, à nos différents environnements et aux systèmes collectifs ne sont pas limités au seul domaine des médicaments.

On a étendu la sphère de la maladie en faisant bouger les bornes de la normalité.

On a systématisé des solutions médicales là où il fallait plus d’attentions, de soins au sens large ou des réponses autour des déterminants sociaux, culturels et économiques.

Même la prévention, qu’on peut imaginer la plus en amont, aux racines mêmes de ce qui génère la pathologie à partir des risques et des expositions, dans les inégales conditions de vie et de travail, est devenue une affaire de produits, d’appareils, de techniques et de technologies, sinon de procédures et de conseils détournés sinon décalés.

D’où les objectifs sur lesquels nous convergeons, à cette date :

–         travailler les notions de surmédicalisations en tant qu’expressions du consumérisme et des aliénations de différentes natures générées par le système libéral,

–         prendre en compte dans le même temps, dans sa version inégalitaire, la sous médicalisation dans laquelle se débattent de nombreuses sociétés en développement, mais qui gagne aussi du terrain dans nos pays développés, notamment en cette période de crises de toutes natures,

–         sensibiliser l’opinion publique face à la surconsommation des médicaments, à leurs nocivités et leurs conséquences graves sur la santé et les systèmes de protection sociale solidaire, et de promouvoir l’accès le plus large à une liste de médicaments dits  » essentiels « ,

–         contribuer à faciliter l’accès à l’information la plus objective possible aux usagers et autres citoyens, et du développement des capacités critiques du plus grand nombre,

–         contribuer à la construction sociale d’un système et de politiques de santé les plus dégagés des liens d’intérêts contraires à l’intérêt général et susceptible de promouvoir des soins pertinents aux meilleurs coûts. La santé en tant que ressource et non en tant que marché ou fin en soi.

Les membres regroupés autour de cette charte

–         s’organisent à travers un réseau d’échanges et d’actions. Réseau animé par le groupe d’initiative à l’origine de ce texte,

–         s’engagent à déclarer sur un site accessible à toute personne (celui du Réseau Princeps)  leurs liens d’intérêts  et l’absence de conflits d’intérêts. Sachant qu’au delà de la transparence, c’est bien l’indépendance de jugement et d’action que nous visons,

–         envisagent de tenir régulièrement des assises de mise en commun et de mise en visibilité des termes des controverses et des avancées vers plus de santé et moins d’excès, de gâchis et d’inégalités en tous genres,

–         développeront toutes expressions et supports afin de contribuer au débat le plus large sur ces questions (blog, publications…).

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