Rencontre du 14 octobre 2016 sur « Le prix, le coût et la valeur des médicaments »

 

« Le prix, le coût et la valeur des médicaments »

Rencontre organisée par Princeps et la SFTG le 14 octobre 2016 à la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, 38, rue Saint Sabin 75011 Paris

 

 

Introduction au débat par le Dr. Rony BRAUMAN, Médecin, Ancien Président de Médecins Sans Frontières

 

Suite au désistement du PDG de GILEAD SCIENCES, invité à venir s’exprimer, il était important de rappeler la rhétorique bien rodée des représentants de l’industrie pharmaceutique pour justifier ses prix toujours plus élevés

Ecoutons donc la parole du LEEM, au travers de l’audition quelques semaines auparavant du Dr Patrick  ERRARD, Président du syndicat, devant les députés de la Commission des Affaires Sociales à l’Assemblée Nationale

 

 

Décryptage avec les Dr. Jean-Claude SALOMON et Omar BRIXI :

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Echanges et commentaires des participants à propos des arguments du LEEM

 

 

« Innovation et/ou progrès », Pierre CHIRAC, Revue Prescrire

 

 

Discussion avec les participants

 

« La stratégie de la bactérie », Quentin RAVELLI, Sociologue, Chargé de recherche au CNRS

 

Discussion avec les participants

 

Pour des raisons indépendantes de notre volonté, il n’a pas été possible de récupérer les vidéos enregistrées l’après-midi. Nous le regrettons profondément…

 

« Les politiques de prix et remboursement des médicaments dans les pays de l’OCDE »

Mme Valérie PARIS, Economiste, Responsable Santé, OCDE, Paris

 

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« Le prix, le coût et la valeur de l’insuline »

Dr David BERAN, MSc PhD, Service de médecine tropicale et humanitaire, Hôpitaux Universitaires de Genève, Université de Genève

 

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« Un autre regard sur les médicaments, leur valeur et leur prix »

Mme Susan GEORGE, Écrivaine, Présidente d’Honneur d’ATTAC, Transnational Institute (Amsterdam, Pays-Bas)

Notes prises par Michel DORÉ

Causes de mortalité dans le monde : 1ère cause de mortalité = cardiovasculaire, 2ème = cancer et 3ème = erreur médicale et médicaments.

Penser le domaine de la santé dans le SETA et le TAFTA

Le lobby de la santé déclare dépenser 40 millions de dollars en Europe pour changer les informations en leur faveur. = beaucoup plus que la société civile (environ 700 000 dollars par an. Un des objectifs est d’étendre l’importance de la propriété intellectuelle pour aller vers les monopoles.

Autre objectif facilité le trajet entre recherche et mise sur le marché =>Problème du langage notamment sur le mot « innovation ».

Autre objectif : déréglementation et secrets.

EBM mais les essais sont « truqués ». Les résultats sont cachés par l’industrie pharmaceutique qui encourage un « surusage » des médicaments.

La recherche serait payée à hauteur de 40% par le public (université financée par l’argent public) => le public paie pour la recherche publique et pour la recherche de l’industrie pharmaceutique.

L’industrie pharmaceutique freine le développement des génériques.

Un investisseur étranger peut porter plainte contre un gouvernement s »il crée une règle qui nuit à cet investisseur (ex . le fracting dans la baie du St Laurent)

 

 

« Synthèse et conclusion de la journée : Le prix des médicaments comme rideau de fumée d’une industrie opaque »

Pr. Didier SICARD, Professeur Émérite de Médecine, Président d’Honneur du Comité National Consultatif d’Éthique pour les Sciences de la Vie et de la Santé (CCNE)

Le prix démentiel des médicaments jugés innovants scandalise. Mais l’erreur est de leur opposer simplement une demande de réduction de prix ! Alors que l’essentiel repose sur des constructions aussi hasardeuses que fausses.

L’innovation est une construction médicale à laquelle ne s’oppose aucun contre pouvoir. L’essoufflement des  thérapies classiques en manque de renouvellement (antibiotiques, anti hypertenseurs, diurétiques, médicaments hormonaux) inquiète légitimement les firmes qui ont trouvé la parade dans le concept d’innovation permanente. Inventer de nouvelles pistes à partir de nouveaux paradigmes pour se focaliser sur quelques traitements dits « personnalisés », permet de gagner en quelques années, voire quelques mois suffisamment  d’argent pour ne pas attendre les échecs à moyen et long terme.

Il ne s’agit donc pas tellement d’inégalités, vieux serpent de mer démagogique (encore que les prix rendent réellement inaccessibles pour certains malades leurs prescriptions), car l‘Assurance maladie reste en France très généreuse, que d’interroger en profondeur les discours sur l’innovation, fondés sur des techniques de communication et de marketing médical d’une efficacité surprenante quand la vie et la santé sont concernées. « Nous ne dormons jamais »…

Or le divorce entre le marketing et l’innovation réelle s’accroit. 50% des médicaments jugés innovants n’apportent rien, 20% sont des régressions et 20 % sont efficaces au prix d’effets secondaires terrifiants…

Les AMM sont enregistrées à la vitesse de la « vie qui n’attend pas » et qui empêche le moindre recul et la moindre étude contre placebo. L’innovation se confond avec nouveauté, au siècle du « tout de suite ». Les brevets profitent de cette jubilation avec cette obsession de faire  sans arrêt des « coups »

Cette course à l’abîme n’est pas étrangère à la « surmédicalisation ». An ill for a pill se substitue à « a pill for an ill ». Sans médicament pas de salut. Fût il médiocre, dangereux  ou inefficace ! Les associations de malades jouent leur rôle parfois à leur insu en encourageant cette surmédicalisation (voir leur lobbying pour les médicaments inefficaces et dangereux contre l’Alzheimer !), en tenant des propos catastrophistes, menaçants, exigeant sans délai la mise à disposition immédiate d’une thérapie innovante fût elle inefficace.  La référence permanente aux anti protéases en 1996 qui a soudain changé le destin de millions de malades, au Glivec® qui a sauvé de la mort des milliers de personnes autrefois condamnées, aux taxanes, progrès majeur dans le traitement du cancer du sein, aux guérisons des hépatites C (avec l’étrange indifférence aux réinfections en l’absence de toute politique de prévention), sert de caution  opportuniste ou de paravent à des projets moins louables. Chaque laboratoire se bouscule pour proposer « sa » thérapie immunologique du cancer pour en tirer le bénéfice le plus rapide, et profiter de son monopole le plus longtemps possible avant son oubli aussi prévisible qu’inscrit dans le projet. Tout cela dans l’opacité absolue. Les chimiothérapies immunologiques rivalisent de résultats spectaculaires à trois mois, souvent démentis au delà. Un malade qui survit en cache 50 qui n’en tirent aucun bénéfice et parfois succombent à des effets secondaires inattendus !

Alors quelques propositions sur le prix des médicaments :

  1. Personne ne sait comment le prix est fixé mais tout le monde sait que le laboratoire est en position de force par sa situation de monopole protégée. Aucune information sur les coûts de production, de recherche et développement, la rémunération des brevets. On a oublié l’absence de brevet demandé par J.SALK  pour son vaccin contre la poliomyélite  « On ne brevète pas le soleil ». Tout est désormais affaire de secret industriel. Avec l’argument ressassé du retour sur investissement de toute recherche pour la financer, de la propriété industrielle pour étendre le monopole.

  2. La concurrence doit être écrasée avec un monopole de quelques années qui empêche concurrents et génériques de s’approcher de la manne. Avec des habitudes proches des pompes à essence qui sur les autoroutes choisissent plutôt leur entente mutuelle que l’intérêt du client. Le marché protège étrangement les monopoles pharmaceutiques alors qu’il sanctionne souvent les positions dominantes, ce qui contribue à faire de l’industrie pharmaceutique une des plus rentables qui soit, avant l’industrie pétrolière dans la plus totale indifférence sociétale.

  3. Les traités internationaux de commerce sont impuissants et laissent libre cours aux excès et n’encouragent en aucune façon l’évaluation objective de la relation coût /bénéfice, alors que des ONG animées de grande générosité et d’un sentiment de solidarité sont prêtes à fournir aux malades des médicaments à un juste prix, c’est à dire 100 fois moins cher, en particulier pour les « neglected diseases ». Leur répression est une des plus insupportables qui soit.

  4. L’évaluation du service rendu autrefois si difficile avant l’informatisation, pourrait bénéficier des données de santé anonymisées de la CNAM, ce qui permettrait de ne pas laisser cette évaluation aux seuls laboratoires. Rendre publiques des données d’efficacité est pourtant encore un vœu pieux !
                                     

  5. Quelques îlots de résistance existent comme « Prescrire » auxquels il faudrait donner une place majeure dans le débat sur l’utilité des nouvelles molécules. Ce serait un premier pas vers une nouvelle politique du financement du médicament à l’abri des pressions dont on connaît le caractère délétère, d’autant plus que ces prix démentiels sont parfois encouragés par des chercheurs eux mêmes qui prennent des libertés avec les résultats falsifiés de leurs recherches et trompent ainsi leurs propres sponsors !

  6. Des « bad pharma » devraient pouvoir être identifiées

  7. Des médicaments jugés essentiels devraient pouvoir  limiter la durée de leurs brevets.

Didier SICARD

 

 

Documents à télécharger :

– L’invitation : Ici
– Le bulletin d’inscription : Ici
– Les notes rédigées par le Dr Jean-Claude SALOMON :

Note N° 1 – Un regard différent sur les prix exorbitants de certains médicaments
Note N° 2 – La stratégie du choc
Note N° 3 – Diaporama « Prix, coût et valeur des médicaments »
Note N° 4 – Le nouveau monde de la recherche clinique. Bertrand KIEFER
Note N° 5 – Projet d’une charte complémentaire de la déclaration d’Helsinki
Note N° 6 – Le prix des médicaments ne garantit pas leur efficacité. Claude BERAUD
Note N° 7 – Tout est négociable, même le prix des médicaments
Note N° 8 – De la molécule au médicament

 

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