Samedi 23 février Pour celles et ceux qui n’auraient pas pu la voir en direct, ou pour revoir l’émission « Les infiltrés » sur France 2 « Laboratoires pharmaceutiques : un lobby en pleine santé » (2h04) : http://www.france2.fr/emissions/les-infiltres/les-infiltres_25053?video=77486792 jusqu’au 1er mars.
C’est mieux que rien
Cette émission était effectivement intéressante , surtout la partie consacrée à la fraude des pharmaciens et des génériqueurs . J’espère que la CNAM va déposer une plainte contre X ; il est vraiement intolérable que les génériques soient vendus plus chers en France qu’ailleurs afin de permettre de telles fraudes .
L’émission ne nous a rien appris de nouveau, mais il est bon de rappeler au grand public toutes les manipulations de cette industrie avec la complicité d’une partie des personnels de santé. J’ai eu la bonne surprise que la feuille sur Victoza ( honoraires de 480€ par patient ) soit utilisée dans l’émission pour montrer comment les labos achètent les médecins .
Par ailleurs le débat était vraiement trop gentil . Je pense que les intervenants ont manqué d’agressivité avec Hervé Gisserot, président du LEEM, mais aussi PDG de GSK France avant d’occuper le poste de senior vice-président de ce labo .
Ce brave homme se disait scandalisé que l’on prenne au sérieux les propos des VM, qu’il comparait aux médecins dans une salle de garde . Les autres présents ont raté l’occasion de lui rappeler ceci:
FINES IMPOSED ON GLAXO SMITH KLINE Amendes
« In July 2012 GlaxoSmith Kline agreed to pay a fine of $3 billion to resolve civil and criminal liabilities regarding its promotion of drugs, as well as its failure to report safety data. This is the largest health care fraud settlement in the United States to date. The company pled guilty to misbranding the drug Paxil™ for treating depression in patients under 18, even though the drug had never been approved for that age group. GlaxoSmithKline also pled guilty to failing to disclose safety information about the diabetes drug Avandia™ to the FDA »18
» The British drugmaker GlaxoSmithKline agreed to plead guilty to criminal charges and pay $3 billion in fines for illegally promoting the antidepressants Paxil™ (paroxetine) and Wellbutrin™ [amfebutamone alias bupropion] ) and for failing to report safety data about the diabetes drug Avandia™ (rosiglitazone), federal prosecutors announced July 2, 2012… «
Cette information, je suis sur, aurait surpris ce brave homme et il aurait sans doute rapporté qu’il ignorait tout de cette affaire .
Soit Even, Frachon, MG France ignoraient cette info, soit on leur a explicitement demandé de s’autocensurer.
Mais ça ne suffit pas
J’ai regardé l’émission hier soir et je suis moins élogieux que vous. Je vais m’en expliquer. Bien entendu ces émissions mettant en cause les multinationales pharmaceutiques sont à tout prendre mieux que le silence médiatique. Comme le livre de Debré et Even, cela attire l’attention des citoyens. Mais au fait avez vous entendu le mot multonationales prononcé hier soir ? Moi pas.
Ma critique principale va aux journalistes qui fixent l’attention des spectateurs en laissant entendre que tout est caché derrière de hauts murs et qu’ils ont réussi l’exploit de « s’infiltrer », sans quoi nous continuerions à ignorer les turpitudes de BigPharma. Et ça vous savez que c’est faux. Nous savons que s’il y a des petits secrets: le montant des rétributions illégales, la structure précise du réseau de corruption, le numéros des comptes dans les paradis fiscaux, nous continuons à les ignorer.
Seule la justice est armée pour percer ces secrets là. Mais pour l’essentiel du système, au prix d’un travail d’information régulier, les informations sont accessibles à tous. C’est ainsi que nous sommes informés.
Evidemment les médias trouvent ce travail de fourmi fastidieux et peu médiatique. Alors donnez nous nous de l’aventure, des thrillers, du John Le Carré. Pourquoi pas si l’information nécessaire n’est pas limitée à ces coups médiatiques, oubliés après quelques jours, dilués par la contre information imperturbable de BigPharma qui elle est continue.
Ce qui est donc nécessaire ce sont sans doute des coups espacés, entre lesquels l’information continue qui n’est pas nécessairement ennuyeuse, maladroite, ratée doit ou devrait être le vrai boulot de fond des journalistes spécialisés.
Cette proposition est-elle possible ? La réponse est oui, bien sûr. Nous le savons, nous qui lisons le BMJ, ou le NY Times. Je ne parle pas de Prescrire (du Claudel je vous dis…) que je ne prescris que le soir après 22 heures.